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De la banalité du mal.

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De la banalité du mal. Empty De la banalité du mal.

Message par Sdric Mer 17 Mar - 22:52

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/03/17/le-jeu-dont-vous-etes-le-bourreau_1320397_3236.html

Le jeu dont vous êtes le bourreau

Arrêtez ! Laissez-moi partir. Laissez-moi partir !" L'homme hurle dans la boule métallisée, attaché sur son siège, les poignets menottés par des fils électriques. Il vient de recevoir une décharge de 240 volts. 200 volts, chacun connaît, c'est le choc des doigts dans une prise. Sur le plateau du jeu télé "La Zone Xtrème", le candidat qui vient de lui envoyer la secousse répond : "Désolé, la bonne réponse était “Voiture de sport”."
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Cadrage Le jeu dont vous êtes le bourreau

Devant lui, trois manettes numérotées. 260 volts. 280 volts. 300 volts. On lit "choc intense" en lettres capitales. Le participant pose une nouvelle série de questions à l'homme enfermé, une liste de mots couplés qu'il est censé avoir mémorisés au début de l'émission. L'homme, invisible dans sa boule, répond en appuyant sur un bouton. Aussitôt, une lumière rouge s'allume. "Vous avez faux, la bonne réponse était “Satellite”!", s'exclame le candidat. Le public, encouragé par un chauffeur de salle, crie "Châtiment ! Châtiment !".

Le candidat abaisse la manette des 260 volts. Dans la boîte argentée, l'homme hurle. "Aaaaah ! Laissez-moi partir ! Ça fait trop ma l!" Inquiet, le joueur se tourne vers Tania Young, la présentatrice du jeu, debout à ses côtés. "Vous entendez, il veut arrêter…" Elle répond, impassible: "Continuez, questionneur, c'est à vous." Vaincu, il prend une nouvelle fiche et lit les questions. La lumière rouge jaillit. Encore faux. Le joueur abaisse la manette des 280 volts. On entend l'homme hurler, se débattre comme s'il voulait s'arracher à ses sangles.

Ce "jeu de la mort" a bien eu lieu. J'ai assisté aux projections, vu les rushes, discuté avec les producteurs et la présentatrice. Il a été tourné en dix jours et réalisé par France2 et les productions Yami2 en avril 2009. Les candidats ont été sélectionnés par un organisme de recrutement de volontaires pour des sondages qualitatifs sur la consommation, la politique ou les médias ; les 2000 personnes qui ont formé le public, 100 par demi-journée de tournage, par deux sociétés spécialisées dans les jeux télévisés. Ils ont bien crié "Châtiment ! Châtiment!" avant chaque choc électrique.

Soixante-neuf "questionneurs" ont participé au jeu. 53 d'entre eux, soit près de 80%, ont obéi aux règles du jeu. Ecouté la présentatrice. Et infligé à l'homme enfermé la secousse maximale (460 volts) alors que "choc dangereux" était écrit sur les manettes. 16 seulement ont refusé d'aller jusqu'au bout.

En vérité, personne n'a été torturé… L'homme enfermé dans la bulle était un acteur qui simulait la souffrance. Sans le savoir, les candidats n'ont pas participé à un jeu télévisé mais à l'exacte transposition sur un plateau de télévision de la fameuse expérience du psychologue Stanley Milgram testant la soumission à l'autorité. Ils ont participé à un documentaire consacré à cette expérience, qui a été reconstituée dans un studio de France 2 puis analysée par une équipe de psychologues et de spécialistes de médias.

LE CAS EICHMANN

Comment en arrive-t-on à obéir à un ordre odieux ? A faire souffrir un homme, alors qu'il hurle qu'il veut arrêter? Que se passe-t-il dans l'esprit de celui qui accepte ? Quand le jeune psychologue Stanley Milgram mène ses expériences, entre 1961 et 1963, un cas d'obéissance aveugle effraie le monde entier. Celui d'Adolph Eichmann, un des organisateurs de la "solution finale". Son procès vient de se dérouler en Israël. Comment ce haut fonctionnaire a-t-il pu obéir ? Que pensait-il quand il signait les décrets de déportation, faisait livrer les gaz mortels ?

En 1960, la philosophe Hannah Arendt a assisté à ses auditions. Elle voulait comprendre les rouages de sa pensée. Ecoutant jour après jour ses explications, ses justifications, elle découvre qu'Adolph Eichmann n'est pas une personnalité sanguinaire, perverse, ou un idéologue fanatique. C'est un fonctionnaire discipliné. Il a obéi à ses supérieurs sans discuter, imprégné d'une culture du respect des chefs et du travail bien fait. Il a réagi passivement aux ordres, déclinant sa propre responsabilité. C'est, dit Arendt, un homme "effroyablement normal".

"SANS PENSÉE PROPRE"

Bon père de famille, travailleur, il n'a pas le sentiment de faire le mal, puisqu'il obéit à la loi, à l'Etat. Il ne se sent pas coupable. C'est un exécuteur… de directives. Son crime, analyse la philosophe, vient de ce qu'il ne pense plus par lui-même. Il est "sans pensée propre" (thoughtless). Il remet à d'autres la question de savoir qu'il est ignoble de massacrer les juifs, les Tziganes et les homosexuels. Il ne se pose pas de problème moral dans son travail, fût-il meurtrier. Il pourrait sans doute faire déporter ses collègues, si sa hiérarchie le lui demandait.

Tous les régimes totalitaires s'appuient sur ces fonctionnaires qui se croient dédouanés de choisir entre l'humain et l'inhumain, constate Hannah Arendt dans le sombre essai qu'elle publie en 1966 : Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal (Gallimard).

En 1961, Stanley Milgram, tourmenté par ses réflexions, s'interroge : sommes-nous à l'abri, dans nos démocraties, de telles dérives ? Comment s'en préserver à l'avenir ? N'a-t-on pas vu des fonctionnaires empressés dénoncer et accuser de communisme des démocrates américains dans les années 1950, à l'époque du maccarthysme ? Le psychologue voudrait parvenir à tester jusqu'où va l'obéissance aux ordres, dans un cadre banal, avec des Américains moyens.

TRAHIR L'ÉVIDENCE

Une expérience de psychologie sociale l'a beaucoup frappé, menée par son mentor et collègue Solomon Asch. Ce professeur a distribué à neuf "compères" et à un "naïf" – le sujet de l'expérience – des dessins de lignes longues et courtes. Chacun doit dire comment il les voit. Tous les compères répondent faussement, niant l'évidence : une ligne est beaucoup plus courte que les autres. Quand, à la fin, le sujet répond, une fois sur trois il répète ce que dit la majorité. Il préfère trahir l'évidence et sa propre certitude. Il se conforme.

Cette expérience a été menée douze fois de suite par Solomon Asch en 1956 – puis des centaines de fois. A chaque test, un tiers des participants se range à l'avis commun. Pourtant faux. C'est ce que Solomon Asch appelle l'intégration du "conformisme" : un individu sur trois se range à l'avis de la majorité, même quand elle a visiblement tort – il préfère respecter la norme que la vérité.

En 1961, Stanley Milgram met sur pied son expérience de torture en direct, celle qui a été reprise dans "La Zone Xtrème" de France 2. Des gens de tout milieu sont invités dans son "laboratoire", contre un petit défraiement, à faire "apprendre" à un "élève" une série de mots couplés. A chaque erreur, ils doivent le punir d'une décharge électrique de plus en plus forte. De 20 à 450 volts. A partir de 240 volts, on lit "Attention, choc intense" puis "Choc dangereux".

A 75 volts, l'homme testé proteste. A 150 volts, il crie "Monsieur le professeur, laissez-moi partir". Ensuite, il supplie qu'on arrête. A 330 volts, il se plaint de son cœur. A 360, il mime une perte de connaissance. A chaque hésitation du volontaire devant les cris de protestations, le psychologue en blouse blanche répète les quatre mêmes injonctions, celles qu'utilisera Tania Young sur le plateau du "Jeu de la mort": "Continuez, s'il vous plaît", "L'expérience exige que vous continuiez", "Il est indispensable que vous continuiez" alternant avec "Nous assumons toute la responsabilité", "Vous n'avez pas le choix, vous devez continuer".

Le film I comme Icare d'Henri Verneuil met en scène les expériences de Stanley Milgram (Antenne 2, 14 décembre 1979).
retrouver ce média sur www.ina.fr

LES INJONCTIONS DU "PROFESSEUR"

Les résultats de cette expérience ont fait le tour du monde. Stanley Milgram les a consignés dans son ouvrage canonique, Soumission à l'autorité (Calmann Lévy, 1974). Sur 40 personnes –des ouvriers, des femmes au foyer, des professeurs, des travailleurs sociaux– 62,5 % infligèrent les chocs maximaux. Ils ont torturé. En dépit de leur effroi face aux suppliques de leur victime, ils ont obéi aux injonctions d'un "professeur" qu'il ne connaissait pas.

Depuis, cette expérience a été répétée des dizaines de fois. Elle a toujours donné les mêmes résultats. Comment expliquer une telle obéissance aveugle ? Jean-Léon Beauvois est un psychologue social reconnu, l'auteur d'un des best-sellers de sa discipline, Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens (PUG, 2002). Il a dirigé l'équipe scientifique qui a surveillé la mise en place de "La zone Xtrème" de France 2.

UN "ÉTAT ARGENTIQUE"

Il propose quelques explications sur notre propension à l'obéissance: " Les résultats de Milgram vont dans le sens de l'analyse d'Hannah Arendt. Un homme obéissant à un ordre abject n'est pas un monstre ou un sadique, ce peut être un employé, un col blanc, un fonctionnaire. Un homme banal, normal, habitué à se soumettre à celui qui incarne l'autorité, que ce soit le représentant d'une institution légitime, ou un scientifique. Selon Milgram, un homme obéit sans réfléchir lorsqu'il entre dans un “état agentique”. Il devient un agent d'exécution, un rouage. En cela, il abdique toute responsabilité sur ce qui pourrait advenir. Il perd son autonomie de pensée. Il devient obéissant aux pires directives, même s'il s'agit d'un brave type, incapable de faire du mal à une mouche."

Que se passe-t-il dans l'esprit d'un joueur, sur un plateau télé, pour qu'il en électrocute un autre devant tout le monde? Pourquoi obéit-il à la présentatrice… vingt-sept fois de suite ? Jusqu'à infliger un "Choc dangereux". Christophe Nick, réalisateur de documentaires (Chroniques de la violence ordinaire, Ecoles en France…), a coproduit avec France 2 l'inquiétant "Jeu de la mort". Il raconte pourquoi il a voulu adapter l'expérience Milgram à la télévision.

Depuis des années, il lui trouve des similitudes avec de nombreux jeux et programmes où "la violence, l'humiliation, la délation, la trahison font le spectacle, et tous les participants obéissent, se dénoncent, s'agressent…". Sans oublier "les premiers jeux de téléréalité mettant en scène le frisson de la mort".

En Grande-Bretagne, Channel 4 filme en direct une véritable "roulette russe", puis diffuse "Anatomy for Beginners" où un médecin dissèque en direct un cadavre masqué. Au Japon, on lance des jolies filles dans de l'eau à 80°C ou on leur envoie des cotons enflammés dans la gorge.

Dans "Scares", MTV montre des accidents en direct tandis que l'animateur s'écrie : "Ne zappez pas ! Plus de sang, plus de larmes ! Plus de cicatrices !" Dans "Fear Factor", TF1 trempe les candidats dans des baignoires d'asticots où ils manquent d'étouffer. Avec l'arrivée de la TNT, les petites chaînes sont prêtes à tout pour décrocher des parts de marché. Ainsi RTL 9 montre désormais des compétitions d'ultimate fight, un combat interdit en Europe où tous les coups sont permis – et les participants sévèrement blessés.

DES SECOUSSES DE 460 VOLTS

Nous voilà revenus aux spectacles de danse jusqu'à épuisement des années 1930, que Sydney Pollack a décrit dans son film On achève bien les chevaux. Christophe Nick finit par se demander: des candidats accepteraient-ils de participer à un "Jeu de la mort" ? Obéiraient-ils à l'animateur ? Aujourd'hui, "La Zone Xtrème" a été tourné, près de 80 % des joueurs ont infligé des secousses de 460 volts, le public a participé massivement.

Comment l'équipe de psychologues et de spécialistes des médias qui a supervisé l'expérience et suivi les joueurs pendant et après, analyse-t-elle ces réactions – et l'influence de la télévision ? Difficile de résumer ici toutes les réflexions en cours, qui vont faire l'objet de publications. D'abord, il est désolant de constater que l'expérience Milgram est confirmée une fois de plus. Aucun des participants n'a refusé le principe même du jeu. Si certains s'étonnent, s'indignent que la télévision soit tombée aussi bas, tous acceptent d'électrocuter le candidat.

"BÊTE ET DISCIPLINÉ"

Autre constat : comme dans le laboratoire de Milgram, les gens qui ont poussé les manettes vingt-sept fois de suite ne sont pas des salauds ou des pervers. Ils se montreront tous désolés, sidérés, d'avoir obéi – le documentaire leur donne la parole. "Comment ma fille va-t-elle comprendre que j'ai fait ça?", s'interroge une participante. "Je suis donc si bête et discipliné?", se demande un autre.

Ils n'ont pas été motivés par l'argent : d'entrée, le jeu "La Zone Xtrème" leur est présenté comme un "pilote", et ils touchent 40 euros de défraiement. Ils n'espèrent pas passer à la télévision non plus : l'émission, leur dit-on, ne sera jamais diffusée, peut-être jamais réalisée. Ils ne peuvent prétendre qu'ils n'ont jamais cru à la souffrance du joueur enfermé: car beaucoup trichent, essaient de lui indiquer la bonne réponse, tous se montrent effrayés par ses suppliques et ses cris. Ils y croient. Alors pourquoi se soumettent-ils ?

"LES VALEURS DE LA TÉLÉVISION"

Une des variantes de l'expérience éclaire leur comportement. Cette fois, en début de jeu, après leur avoir expliqué le principe de l'émission, Tania Young quitte le plateau. Elle laisse les gens questionner le candidat, puis le punir d'une décharge, tout seuls. Dès que les plaintes montent, cinq joueurs sur sept désobéissent. Ils refusent de continuer. Stanley Milgram avait fait de même. Le nombre d'obéissants avait chuté à 22 %. La présence physique et les injonctions répétées de la présentatrice jouent donc un rôle-clé. Autorité morale, ou scientifique, ou même hiérarchique. Alors qu'incarne-t-elle ?

Jean-Léon Beauvois, barbe blanche, tête de Socrate bourru, tente de répondre: "Nous ne sommes pas en présence d'une relation hiérarchique, d'employé à employeur, d'étudiant à professeur, d'ouvrier face à son contremaître. L'autorité d'un présentateur n'est pas non plus “légitime”, comme peut l'être celle d'un homme de science. Le joueur ne fait que passer, il ne fait pas partie du studio. Que représente Tania Young ? L'institution télévision. Elle incarne le pouvoir qu'ont pris les valeurs de la télévision dans nos vies. Elle révèle ce que nous sommes prêts à accepter d'elle. Je suis frappé d'obtenir sur un plateau de télévision des résultats supérieurs à ceux de Milgram dans un laboratoire."

La puissance et l'autorité de la télévision, illustrée et mise en scène par l'ORTF le 1er janvier 1969
retrouver ce média sur www.ina.fr

Qu'en pense Didier Courbet, directeur de recherche en sciences de la communication au CNRS à Marseille ? "Je suis alarmé. Plus de 5000 études montrent l'influence directe qu'exercent la violence à la télévision et la pornographie sur le Net sur les comportements brutaux, surtout dans la jeunesse. Les gens obéissent au pire, quand les médias mettent en avant le pire."

Une psychologue de l'équipe, Dominique Oberlé, insiste sur l'"emprise" que subit le candidat en arrivant sur un plateau de télévision: "Tout commence quand on vient le chercher à la porte du taxi. Ensuite, on l'emmène, on le prend en main, on le maquille. Il est confronté à un système qui le dépasse, seul, désarmé. Dans le studio, les lumières l'aveuglent, il veut bien faire. Il devient manipulable. Quand ses propres valeurs entrent en contradiction avec l'infamie qu'on lui demande, il est déchiré, mais vaincu. Il obéit. C'est cela, l'emprise d'un système."

La journaliste Tania Young confiera : "Ce tournage fut une épreuve pour moi. Il soulève beaucoup de questions sur la responsabilité des animateurs, la façon dont se déroulent les interviews. Il m'a appris combien la télévision doit réapprendre à respecter les gens."

A voir : "Le Jeu de la mort", mercredi 17 mars à 20 h 30 sur France 2.
Sdric
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Message par kikafarce Ven 19 Mar - 13:46

J'ai vu le documentaire, je ne suis pas plus étonné que cela, c'était évident.

Le pouvoir de la norme, le conformisme ambiant, etc.....

Je ne vais pas faire un mail aussi long que Sdric qui est très complet par ailleurs mais à partir du moment où l'on accepte un système, une autorité légitime ou non, la peur de décevoir fait que l'on accepte tout.

Cette peur se retrouve quelque soit la relation entre l'autorité et l'exécutant (travail, famille, télé etc....)

ce qui est effrayant c'est de savoir que cela concerne 80% de la population et plus effrayant c'est de ne pas savoir si l'on fait parti des 80% ou des 20% qui oseraient dire non...
kikafarce
kikafarce


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Message par Man0uhhh Sam 20 Mar - 16:17

J'ai aussi vu le reportage, moi jtrouve que ça fait peur, j'en ai des frissons...
mais dans quel monde vit-on?
Man0uhhh
Man0uhhh


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